L’écureuil en mots et en images
C’est en forgeant qu’on devient forgeron, dit-on. C’est en écrivant qu’on écrit des histoires et que l’imaginaire se débride.
Pour préparer un atelier d’écriture que je vais donner dans un foyer pour adultes en situation de handicap, je donne un exemple et je joue à mon propre jeu. Et voilà qu’avec trois mots, cette histoire vient de prendre vie dans ma tête. Une histoire, un personnage (moi), et deux ou trois animaux pour ne pas changer.
Et pour illustrer cette historiette, des images issues de mes applications coloriages sur mon gsm 😉
Les mots « écureuil » et « kilomètre » proviennent des mots de mon acrostiche NOM + PRÉNOM. « Aurore » vient du nom d’un papillon. Dans les papillons que j’ai choisis, il y avait « Aurore, Citron, Tortue, Paon », car leur nom peut aussi vouloir dire autre chose. Un mot, deux significations. Un mot, deux identités.
Écureuil – Kilomètre – Aurore
Ce matin, quand je me suis levée, j’ai croisé un écureuil. L’aurore venait de se réveiller elle aussi, le ciel était parsemé de petits moutons gris souris sur un fond unis rose bonbon. Je faisais ma balade matinale quand une petite boule de poils rousse m’a dépassée à la vitesse de l’éclair. J’ai à peine eu le temps de lui dire bonjour, que l’animal était déjà presque en dehors de mon champ de vision.
- Mais où cours-tu ainsi ? Tu as le feu à ta queue en panache ? Les questions, c’était plus à moi que je me les posais, car bien sûr, l’écureuil n’allait pas me répondre et puis de toute façon, il était déjà bien trop loin pour les entendre.
Aussi, quel ne fut pas mon étonnement quand, deux cents mètres plus loin environ, un autre écureuil, ou le comprendrais-je plus tard, le même, me parla et me dit en ces mots :
- Non, pas le feu aux fesses, mais je m’entraîne pour le marathon des quatre pattes.
Le marathon des quatre pattes ? Jamais jusqu’ici je n’en avais entendu parler. Des questions, j’en avais plein à lui poser à ce petit écureuil, mais il était déjà parti et n’était plus qu’un point roux au loin.
Bien plus loin, ignorant que ma balade suivait le même parcours que l’entraînement de l’écureuil, je remarquai la petite bête bien avant qu’elle n’arrive à mon niveau.
- Quels autres animaux ? lui criais-je tandis qu’il passa au-dessus de moi, dans les airs, surfant sur les branches des arbres comme seuls les écureuils savent le faire.
Je savais que je n’aurais pas beaucoup de temps ni beaucoup de choix pour lui poser plusieurs questions, car il ne s’arrêta pas pour me répondre.
- Tous les mammifères du quartier ! dit-il en haletant entre deux sauts.
Ainsi, la suite de ma balade fut plus lente. J’étais désormais attentive aux moindres mouvements, sur le sol, mais aussi dans les arbres ou les haies qui longent les maisons. Je supposais que l’écureuil avait un circuit bien prédéfinit et que je risquais donc de le croiser encore au moins une fois avant de terminer ma balade et de revenir chez moi. Je me demandais quels autres animaux j’allais bien pouvoir croiser quand j’entendis une petite voix fluette chanter :
- Un kilomètre à pattes, ça use, ça use, un kilomètre à pattes, ça use les coussinets.
Une minuscule souris, peut-être bien une musaraigne, trottait d’un bon pas en rasant les haies et les murs des maisons, à ma droite. Tout à coup, la toute petite bestiole au long museau pointu passa à la vitesse supérieure et fonça tête la première dans le premier trou qui se présenta à elle. En cause, l’arrivée silencieuse de Maître Velours, un chat ! Celui-ci s’arrêta face au trou et dit à la musaraigne :
- Voleuse ! Tu peux pas chanter cette chanson, t’as pas de coussinet !
La voix du chat était grave, son miaulement énervé. Même sa queue se balançait de manière sèche, par à-coup. Ce chat était clairement irrité par le comportement du petit insectivore. Pour venir en aide à la petite bête, je m’adressai au chat :
- Bonjour joli minou. Que vous êtes beau, si votre langage ressemble à la beauté de votre pelage, je vous nomme Prince des Poilus Domestiques de ce quartier.
La flatterie n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. Le chat se détourne du trou de souris, fait demi-tour, s’assied d’une manière très élégante en entourant ses pattes avec sa queue fine et lustrée. Puis, il lève sa tête. Ses moustaches frisent sous les compliments. Son regard est droit, fier. Je le caresse sous le menton, plaisir extrême à beaucoup de félins et continue à lui louer ses qualités. La musaraigne en profite pour se carapater sans demander son reste, poursuivant son entraînement de marathon désormais aussi muette qu’une carpe.
Des histoires où il y a un ou des écureuil(s), j’en ai quelques-unes à la maison. Les deux grands albums « Au lit mon petit » et « Mon amie la Lune » appartiennent à mes enfants, ils étaient abonnés à l’école maternelle, une excellente sélection pour les tout-petits (et leur maman 🙂 )
Chez nous, en Belgique, nous pouvons voir plusieurs sortes d’écureuils, mais le seul à être indigène « bien de chez nous », c’est le grand roux avec sa queue en panache. Tous les autres sont exotiques, importés ou provenant d’un lâché (volontaire ou accidentel) d’animaux domestiques; les NAC ou Nouveaux Animaux de Compagnie…
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