Mes pierres de gué en citations

Je travaille, ou plutôt je m’amuse à travailler lors de rencontres consacrées à  un BdC.
Mais d’abord, qu’est-ce qu’un BdC ?
Boite de Cadeaux
Bonbon du Chat
Bien-Être d’instant Chronique
Bilan de Compétences
Bavardages de Copines
Bisous de Crabes
Bibliothèque de Comics
Baiser de Carton
Bourse de Cartes de vœux
Bave de Crapaud
Bisque de Cornichon
Brouillard de Cailloux
Buvard de Cahier
Boulevard de Chaussures
Brosse de Cheval
Barbe de chèvre
Bouton de Coquelicot

À votre avis 😄

Suite à un exercice où je devais réfléchir à tous les événements, positifs et négatifs, qui ont jalonné ma vie, je devais arriver à une sorte de conclusion. Ce que je pouvais en tirer, ce que cela révèlait de ma personnalité, ce qui me semblait important, quelles étaient mes valeurs, etc.
J’ai trouvé non pas l’exercice difficile, mais la conclusion, les réflexions qui en sont écoulées plutôt pas évidentes pour moi.

Ce que je retiens, pour l’essentil de tous ces événements, ce sont l’essence de ces citations ☺

• C’est dans les moments les plus sombres qu’on voit le mieux les étoiles.
• Je sème le bonheur avec des mots bienveillants.
• À force de me planter, je vais devenir une fleur.
• La sagesse, c’est d’avoir des rêves suffisamment grands pour ne pas les perdre de vue lorsqu’on les poursuit.
• Un sourire coûte moins cher que l’électricité mais donne autant de lumière.
• Ce n’est pas ce que je suis qui m’empêche de réaliser mes rêves, c’est ce que je crois que je ne suis pas.
• La seule limite à mon épanouissement d’aujourd’hui, c’est mes doutes
• Même avec des pierres obstruant ton chemin, tu peux construire quelque chose de beau.
• Lorsque ton passé t’appelle, ne répond pas, il n’a plus rien à te dire.
• Ta douleur d’hier est ta force d’aujourd’hui.
• Quand tu ne sais pas où tu vas, n’oublie jamais d’où tu viens.
• Laisse-toi silencieusement  attirer vers la force étrange de ce que tu aimes vraiment, elle ne pourra pas t’égarer.

Conclusion : Entre moi et le monde, une vitre. Écrire est une façon de la traverser sans la briser.

Jeu d’écriture : expression qui se mange

Pour le mois de février, Fabienne et moi avons joué à un petit jeu d’écriture. Ce mois-ci, je nous lançais comme défi d’écrire un texte à partir d’une expression qui se mange. Fabienne a été bien inspirée, elle en a trouvé des expressions !

Texte de Fabienne

En ce temps-là, nous partagions le même studio mon frangin et moi :  Mon frère Arthur avait un cœur d’artichaut. Il tombait amoureux à peu près chaque semaine et se faisait larguer au bout de quelques jours . C’était vraiment une bonne poire !

Moi j’observais tout ça mi-figue mi-raisin en espérant que ça finirait par lui passer ou plutôt qu’il trouverait l’âme sœur ! J’en avais marre de recoller les pots cassés.

Je rêvais ! un beau jour, Arthur rentra à la maison le cœur en fête. Il avait rencontré la  » femme de sa vie » précisa -t-il. Une fille adorable en tous points mais la pauvre était à la rue s’étant disputée avec ses parents.  Pas bien grave, il allait la ramener chez nous, elle partagerait notre trois-pièces. Alors là, la moutarde me monta au nez, j’étais rouge comme une écrevisse.  J’explosai littéralement de rage :  » Et moi je compte pour des prunes !? il serait vraiment temps que tu mettes du beurre dans les épinards ! N’oublie pas que c’est moi qui paye le loyer, je suis aux petits oignons avec toi. Si tu ramènes cette fille, tu peux être sûr que ça va tourner au vinaigre et vous serez deux  à être à la rue. Tu veux le beurre et l’argent du beurre c’est ça ?  et vivre comme un coq en pâte avec ta dulcinée!  Il va falloir apprendre à ne pas manger ton beurre avant ton pain mon grand ! »  Après une telle tirade je pensais qu’Arthur renoncerait à ses beaux projets. Effectivement il retourna dans sa chambre et je ne l’entendis ni ne le vis guère durant le week-end. Le lundi quand je rentrai du boulot, je trouvai un mot sur la table qui m’était adressé :  » Ma vieille, contrairement à ce que tu crois je ne t’ai pas roulée dans la farine.  Bien au contraire, je t’invite à manger chez mes (futurs) beaux-parents où je me suis installé avec ma fiancée. »  Punaise, c’était la fin des haricots ! Mon frère avait bien tiré ses marrons du feu ! Je me mis à pleurer comme une madeleine, j’étais seuuuule ….


Quant à moi, j’ai eu du mal à démarrer. Je n’aurais pas dû lire le texte de Fabienne avant d’avoir écrit le mien ! Car je me suis retrouvée un peu bloquée. Finalement, ce n’est qu’au début du mois de mars, que l’ampoule s’est allumée dans ma tête : une idée !

Mon texte : avoir les yeux plus gros que le ventre

Je lève les yeux
Dans le ciel un rapace
Bientôt le printemps

Dans le ciel, un rapace. Il vole par à-coups. Périmètre de vol nettement déterminé. Il cherche à manger.

Dans le ciel, un rapace. C’est bientôt le printemps. L’hiver n’est pas parti. Le vent est froid. Mordant. Piquant. Cinglant.

Dans le ciel un rapace. Un rapace diurne. Un rapace affamé. Un rapace à observer.

Dans le ciel, un oiseau. Haut comme trois pommes, rapide comme l’éclair, l’oiseau a l’estomac dans les talons. Son dernier repas, une grive chétive, remonte à la veille.

Dans le ciel, un oiseau. Il est beau. Il est rapide. Il a faim !

Une expression humaine qui lui colle aux plumes : avoir les yeux plus gros que le ventre.

Dans le ciel, un oiseau. Un épervier. Un mâle. Chez cette espèce, les mâles sont plus petits que les femelles. D’habitude, c’est l’inverse. Ici, c’est un mâle. Aussi grand qu’un pigeon. En plus fin. En plus élégant. En plus coloré. Joues rousses. Yeux orange.

Sa spécialité : la chasse aux petits oiseaux. Son régime alimentaire est composé à 98% d’oiseaux ! De petits à moyens, jusqu’à des piafs plus grands que lui ! En matière de vol, de maîtrise du vent, de navigation, de connaissance du gouvernail, il sait y faire.

Pas très haut dans le ciel, le bel épervier a remarqué sa proie. Un pigeon. Domestique. Banal. La future victime est aussi grise que lui. Le pigeon, qui lui est un estomac sur pattes, grignote à tout bout de champ. Ce pigeon-ci ne fait pas le fin bec. Il a trouvé par-là, sur la rue, quelques miettes à manger. Miettes et restes balancés négligemment par la porte d’une voiture.

Au sol, tout à son affaire de nettoyeur de rue, le pigeon ne prête aucune attention au danger qui vient d’en haut. Un œil de chaque côté de la tête, il regarde de temps en temps ce qui se passe à son niveau, tantôt à gauche, tantôt à droite.

Sur les trottoirs, dans un arbre, des pies. Sur les trottoirs, dans un arbre, sur des branches dénudées et coupées, quelques pies observent, curieuses, la scène de la Vie. Les arbres des alentours font d’excellents perchoirs. C’est comme au cinéma, mais en plein air. C’est comme au cinéma, mais en direct. C’est comme au cinéma, mais sans caméra. Et les acteurs et les actrices sont de véritables oiseaux en chairs et en plumes.

Sur les trottoirs, dans un arbre, les pies vont-elles assister à un navet ?

Nous avons dans les airs, un épervier affamé. Nous avons dans la rue, un pigeon glouton. Nous avons dans les arbres, des pies qui jacassent.

Les pies jacassent comme seuls les corvidés savent si bien le faire. Les corvidés, la famille des plus grands passereaux : bec costaud et pattes robustes les caractérisent. Les corvidés, qui vont de la pie, en passant par le geai, jusqu’au corbeau, sont plus d’une centaine d’espèces. Ce sont sans doute les oiseaux les plus intelligents, les plus joueurs, les plus fascinants à observer, à étudier. On pourrait même les apprivoiser.

Dans l’arbre, des pies. Elles sont trois. Elles patientent. Elles attendent. Elles tuent le temps. Elles poireautent et font des pronostics :

  • Trois contre un pour l’épervier, dit l’une.
  • Pour sûre, ce pigeon va bientôt manger les pissenlits par les racines, enchérit une autre.
  • C’est la fin des haricots pour lui, conclut la troisième.

À force de parler nourriture à tout va, une corneille qui passait par là les interrompt le plus poliment du monde :

  • Mesdemoiselles, vous m’en donnez l’eau aux mandibules. De qui, ou de quoi parlez-vous ?

Les pies et les corneilles ne s’entendent pas toujours. Un peu comme « chien et chat ». Parfois, ça cause ensemble, parfois ça se vole dans les plumes. Parfois, c’est pire. Mais ça, c’est une autre histoire.

  • Oh, ça va, l’asperge ! Ne ramène pas ta fraise ici. Cela ne te regarde pas !
  • Ouais, c’est pas tes oignons. Dégage !
  • Du balai, ouste, espèce de charbon de bois mal dégrossi !

Les pies n’ont pas leur langue dans leur bec. La corneille est vexée. La discussion part en sucette. Elle n’a rien vu venir. Elle ne leur a strictement rien fait, si ce n’est leur adresser la parole. Vexée, elle s’en va à tire d’ailes. Elle ne tient pas à pleurer comme une madeleine devant ces pimbêches grossières et mal élevées.

Malheureusement pour elle, la corneille s’est tirée un rien trop tôt. La plus fabuleuse des scènes d’action de ce cinéma en plein air commence… maintenant !

Ni vu ni connu, l’épervier, que rien de tout cela n’a perturbé, a replié ses ailes, a foncé pattes tendues, serres écartées sur son objectif. Aussi vif que l’éclair, aussi précis qu’une calculatrice, aussi déterminé qu’affamé, il n’a laissé aucune chance à sa proie.

PAF ! Les serres pointues se sont enfoncées dans sa nuque et dans son dos.

PAF ! Le bec crochu et puissant a brisé la colonne cervicale. 

PAF ! Le pigeon est mort. Rapidement. Presque sur le coup. Les haricots sont cuits pour lui. Cuic-cuic.

Les pies en restent bec bé :

  • On peut pas repasser la scène au ralenti ? Parce que non, quoi, j’ai pas bien vu, dit l’une, en faisant des yeux de merlan frit.
  • Punaise ! dit une autre, le pigeon n’a pas l’air dans son assiette !
  • Aïe, vlà une bagnole. On remet ça ? Qui parie ? Deux crêpes pour le prix d’une ? dit la troisième qui évalue déjà les chances du rapace de s’en sortir… ou pas.

En effet, une voiture arrive au loin.

Malheureusement pour le spectacle des pies, et pour leur pari, c’est une conductrice amoureuse des oiseaux qui est au volant de l’engin roulant.

Avant que la voiture ne freine, une des bavardes envoie une vanne pas piquée des vers :

  • L’épervier est comme qui dirait tombé sur un os.

Et les trois pies de rires à gosier déployé.

Pendant ce jacassement à casser les oreilles, l’épervier a vainement tenté d’emporter sa proie. Hélas, l’expression « avoir les yeux plus gros que le ventre » se vérifie pleinement ici. Les pattes puissantes du rapace et les coups d’ailes tout aussi puissantes n’arrivent même pas à décoller le pigeon ensanglanté de la rue. La proie est bien trop lourde pour le frêle épervier. Ce dernier est obligé d’abandonner son butin sur place.

Ce n’est pas demain la veille que notre rapace prédateur d’oiseaux prendra de la brioche !


Je voulais vous mettre une photo de l’épervier que j’avais faite après être rentrée et avoir déposé mes affaires. La scène à laquelle mon fils et moi avons assistée pour de vrai (j’étais la conductrice de la voiture dans le texte) s’est déroulée à une trentaine de mètres de notre maison, dans notre rue. J’ai donc mis quelques minuscules minutes à rentrer, déposer mes affaires, prendre mon appareil photo et ressortir à pied. J’ai donc cru naïvement que le rapace qui était dans le ciel à voler en décrivant de larges cercles au-dessus de la proie morte, était « notre » épervier. Comme les photos n’étaient pas géniales, jamais l’oiseau ne s’est posé ou est descendu à un niveau suffisamment bas pour faire une belle prise photographique, je n’ai pas téléchargé les photos sur mon ordi. Jusqu’à ce jour où j’ai écrit le texte. Et là, une grosse surprise m’attendait !! J’ai d’abord cru que j’avais la berlue. Que je m’étais trompée en identifiant le rapace devant ma voiture. Heureusement, je n’étais pas seule. Mon fils m’a dit deux choses quand je lui ai demandé s’il se souvenait du rapace observé quelques jours plus tôt :

  1. c’était bien un épervier (moi je pensais à un mâle à cause de la taille, mais lui me certifie que c’était une femelle à cause des couleurs grises)
  2. il y avait sans doute deux rapaces ce jour-là, deux rapaces différents !

En effet, cette affirmation ne m’a pas effleuré l’esprit. Obnubilée que j’étais sur le rapace dans le ciel, jamais je n’ai pensé une seule fois qu’il pouvait y avoir un autre rapace intéressé par le pigeon, par la proie…

En photo donc, un Faucon pèlerin !

La preuve que je n’y pensais pas, j’ai renommé toute la série des photos « épervier Mehagne » ! Ci-dessous des liens vers un super site d’oiseaux pour vous montrer la différence. En visionnant mes photos, j’ai remarqué en effet le masque noir sur la tête de l’oiseau et la forme de ses ailes, qui ne correspondaient pas à celle de l’épervier !

L’Épervier d’Europe sur le site oiseaux.net

Le Faucon pèlerine sur le site oiseaux.net

Cela me fait penser au conte « L’Épervier et le Vautour » de Allassane Sidibé, que j’ai adapté à ma sauce et conté pour la première fois l’année passé.
Clic ici pour entendre ce conte avec la voix d’Allassane.

Expressions Torsepied et clin d’œil

Les expressions relevées dans le livre Torsepied (clic pour avis de lecture) :

  • Chercher de midi à quatorze heures
  • Tuer dans l’oeuf
  • Prendre au pied de la lettre
  • Se coucher avec les poules
  • Pousser le bouchon un peu loin
  • Porter le chapeau
  • Être une poule mouillée
  • Être dur de la feuille
  • Prendre la poudre d’escampette
  • Se mettre martel en tête
  • Faire chou blanc
  • Être mené en bateau
  • Prendre les jambes à son cou
  • Se plier en 4
  • Être comme un coq en pâte
  • Se fourrer le doigt dan l’œil

Et le petit clin d’œil, c’est pour le nom de l’étrange chat… Otto l’a baptisé Chester, comme dans le chat d’Alice au pays des merveilles 😉

Bob et Bobette, expressions, jeux de mots

Les bandes dessinées Bob et Bobette, c’est toute mon enfance et même plus. Oh, ce n’est pas La BD géniale, avec un script (ou scénario) super intéressant, des dessins détaillés ou recherchés, des personnages cohérents et intéressants, mais à l’âge adulte, elle me plaît toujours et me procure une demi-heure d’évasion car je lis chaque phylactère (bulle), chaque insert. Même si il y a encore parfois des fautes dû à une mauvaise traduction en langue française, je souris toujours à la jalousie excessive de la jeune Bobette, aux bêtises de Lambique, à la façon de parler de Jérôme, aux crises d’hystérie de Sidonie, etc.

Je ne sais pas si c’est moi aujourd’hui qui fais plus attention ou c’est devenu une habitude dans cette BD, mais dans le numéro 312, j’ai pu relever une 15zaine d’expressions, et je suis sure que j’ai pu passer à côté d’autres termes familiers, imagés.

Rien que dans l’image d’intro, le fil rouge de l’histoire est illustré 😉

wp-1461832745357.jpg

Les expressions relevées qui m’ont amusée :

  • né de la dernière pluie
  • bonne poire
  • se faire la malle
  • se couper en 4
  • être tiré à 4 épingles
  • prendre racine
  • être dans la lune
  • être le dindon de la farce

Il y a même un clin d’œil au réchauffement climatique (on sensibilise comme on peut 🙂 ) :

wp-1461832759937.jpg

Les personnages n’ont pas vieilli en 70 ans : Bobette a toujours la même robe, Lambique a toujours ses 6 cheveux, Jérôme n’a rien perdu de sa force et même Franfreluche n’a pas pris un trou hihi

Un jour peut-être, j’aimerais bien assister à la création d’une BD, de A à Z : de l’idée, à l’image et aux textes, du passage sur pc, du montage, de l’impression, de la distribution et de découverte d’un fan qui lit le dernier numéro tant attendu 😉

Avoir la frite !

La proposition 53 de Tisser les mots, m’a bien inspirée ! Certains le savent, j’adore les expressions… alors en voici un petit texte gourmand bien expressif 🙂 Il fallait intégrer 2 mots dont le premier est un peu indigeste ha ha, ils sont en gras… j’avais tellement la patate que j’ai même réussi à donner vie à mon petit personnage, ça c’est une prouesse, car elle ressemble presque à l’image que j’avais dans ma tête (elle n’a pas l’estomac dans les talons, mais le cœur dans la gorge) !

Bon appétit.

Avoir la frite !

 Je me souviens d’une rencontre exceptionnelle. Une rencontre qui allait changer ma vie, bouleverser mon destin de cuisinier.

Ce jour-là, je n’étais pas dans mon assiette. Je m’étais réveillé avec, dehors, une purée de pois, or, j’y suis allergique ! La première chose que j’ai fait ce jour-là, c’était donc de couper le brouillard au couteau afin qu’il ne me touche pas. J’allais sortir en prenant mes gants, mais sur le pas de ma porte, juste quand j’allais aiguiser mon ustensile de cuisine, je l’ai vue, elle, une asperge fraise artichaut tisser les motsasperge qui ramenait sa fraise. Elle semblait marcher sur des œufs. Tout en délicatesse et en finesse, elle s’avançait vers moi, avec des cheveux d’ange qui nageaient dans la soupe St Germain et que je ne parvenais pas à bien distinguer. Son gros cœur d’artichaut s’illumina tout à coup, éclaira son chemin et ma vision par la même occasion. Je devais avoir une drôle de tête car elle sortait de sous son jupon une petite cuillère pour me ramasser ! J’en devenais aquastomatomane. Je bavais littéralement devant cette créature, mi-figue, mi-raisin. Malgré tout ça, je ne me sentais toujours pas en grande forme, et je craignais même de bientôt manger les pissenlits par la racine. C’est alors que l’asperge, à la tête de fraise et au cœur d’artichaut, me prit dans ses bras ! Immédiatement, mon malaise s’apaisa. Une étrange sensation envahissait tout mon corps. A ses côtés, entre ses bras, je me sentais comme un poisson dans l’eau. Ses paroles et ses gestes étaient pour moi un bon bol d’air frais. Revigoré par ses petites attentions, j’avais à présent une pêche d’enfer ! Une pêche qui bouscula mes petites habitudes, je ne savais plus où donner de la tête, j’étais euphorique ! Je courais dans tous les sens, de nouvelles idées de menus pleins la tête. Bien sûr, ce qui devait arriver, arriva : avec cette purée de pois dont j’avais oublié l’existence, je ne vis pas les crêpes que j’avais aplatis grossièrement la veille, et je me vianda de tout mon long. Après avoir passé un bon bout de temps dans les pommes, au réveil, j’éprouvais une grande soif et je bus les paroles de l’asperge comme du petit lait grâce à ma maryse. L’appétit venant juste après, quand ma nouvelle amie me raconta toute sa salade, je la dévorai des yeux.

Ainsi, je fis connaissance avec celle qui allait devenir ma tendre moitié. Grâce à elle, je ne travaille plus pour des haricots. En effet, le lendemain de notre première rencontre, elle m’avait exposé son projet qui lui tenait à l’artichaut et qui allait rapidement devenir le nôtre : ouvrir notre propre restaurant. Mon asperge avait la banane ! Elle avait mis rapidement les bouchées doubles et, en mettant les petits plats dans les grands, notre rêve se réalisait à la vitesse de l’éclair.

Depuis que nous sommes ensemble, elle n’a jamais cessé de me traiter aux petits oignons.

Nos enfants, bien sûr, vous vous en doutez, ont poussé comme des champignons, mais ça, c’est une autre histoire.

 

Expressions à gogo

Un texte dans lequel je me suis amusée à mettre le plus d’expressions possibles… cela n’a pas vraiment ni queue ni tête, mais j’ai pris plaisir à l’écrire.

Voyage bizarre

Nu comme un ver, Monsieur Lecoq faisait les cent pas devant la bibliothèque, quand tout à coup, un cri dans la nuit lui donna la chair de poule. Aussi muet qu’une carpe, Auvin Lecoq regarda partout autour de lui pour déterminer la source de ce cri horrible. Ses yeux derrière la tête s’ouvrirent également et scrutèrent l’horizon. Mais il ne vit rien. C’est sur ses pattes de velours qu’il avança discrètement jusqu’à l’entrée de la bibliothèque. Celle-ci, aussi aimable qu’une porte de prison, l’attendait au tournant du premier couloir. Monsieur Lecoq l’évita de justesse et s’en alla par le quatrième chemin.  C’est là qu’il vit le rat, propriétaire des lieux. L’animal épiait les moindres faits et gestes des visiteurs nocturnes. Auvin progressa doucement mais sûrement. Petit à petit, ce drôle d’oiseau faisait bien son nid. Il connaissait l’agencement de la bibliothèque sur le bout de ses nombreux doigts. Aucun couloir, aucun recoin n’avait le moindre secret pour lui. Il connaissait les lieux comme sa poche de pantalon qu’il n’avait pas mis aujourd’hui.  Aussi agile qu’un serpent, il rampa sur le sol jusqu’à l’allée des romans. Là, il se fit aussi petit qu’une souris. Il était si silencieux qu’on pouvait entendre une mouche voler. Il patienta que le chat, gardien de ce rayon, soit parti pour se faufiler entre les livres. Mais aussitôt le félin parti, Auvin aperçu une dizaine de souris venir de nulle part ! Celles-ci utilisaient l’allée comme une piste de danse et s’éclataient, bougeaient à qui mieux mieux. Ces drôles de rongeurs lui faisaient penser à la ferme qu’il venait de laisser derrière lui, car les souris caquetaient, gloussaient sans arrêt. Si elles continuaient ainsi, elles allaient finir par lui attirer des ennuis, le chat-gardien reviendrait, sans parler du rat-propriétaire ! Auvin était sûr que ce dernier, si on le dérangeait encore une fois, se mêlerait de ses oignons et fermerait définitivement les portes de la bibliothèque aux étranges visiteurs nocturnes. Or, pour lui, c’est l’endroit qui le fait rêver. Avec les livres, il voyage ! Oui, sans jeux de mots, il part à l’aventure rien qu’en lisant !

 Monsieur Lecoq était fatigué de ses sorties nocturnes. Il portait sous ses yeux de si grosses valises qu’on croyait chaque fois qu’il partait pour longtemps. Mais de ses voyages, il revenait toujours, avec de plus en plus de sous rires aux lèvres. Oui, sur sa bouche, de petites pièces rondes se dessinaient au fil du temps. Des petites pièces qui riaient à chaque fois qu’on ne leur adressait pas la parole.

 Dehors, cinq chats gris veillaient sur la nuit. Auvin, que l’aventure excitait, était déterminé à trouver l’objet rare. Celui qui allait le conduire au septième étage du ciel. Ce livre, unique, qui allait lui en faire voir de toutes les couleurs. Cette histoire qui allait le faire dormir debout sans passer par la frontière des trente-six chandelles. Et pour cela, il était prêt à tout, même à vendre la peau de l’ours qu’il n’avait pas encore tué. Hier, il avait déjà mis à sa main au feu, cela ne l’avait même pas atteint car, sachant que cela le blesserait, il avait joué de lui et avait brûlé sa main de fer, au gant de velours.

Mais tout à coup, alors qu’il se prenait pour une fouine, un dictionnaire tomba de l’étagère et s’écrasa à ses pieds. A un cheveu près, il était raplati, complètement ratatiné, écrasé par des milliers de mots. Avec ses valises, il n’avait pas froid aux yeux.  Il en fallait plus pour le décourager. Prenant son courage dans ses deux mains immenses et poilues, il grimpa comme une araignée le long des armoires. Gardant son sang-froid, cet animal étrange buvait chaque histoire des livres grâce à une paille qu’il enfonçait dans chaque reliure. Ces livres, c’était comme du petit lait, il en buvait, buvait, tant et si bien qu’il finit par en être malade. Il avait tant lu et donc tant bu, que son ventre était aussi rond qu’une citrouille. Malgré la quantité de livres ingurgités, Auvin n’était pas repus. Il cherchait toujours chaussure à son pied ou plutôt le livre qui lui ferait prendre son pied. En parlant de pieds, il ne fit pas attention où il grimpait et il les mit carrément dans un plat. Que faisait ce plat de raviolis en haut de l’étagère des contes et fables ? Nul ne le sait. Toujours est-il que Monsieur Lecoq, ses pattes de velours dégoulinant de sauce tomate, glissa et tomba comme un cheveu dans la soupe de cochon du terrible et grand méchant loup. Naturellement, il cria « au loup ! », mais comme il était muet, rien ne sorti de sa bouche et personne ne l’entendit. Comme s’il avait le feu aux fesses, Auvin couru aussi vite qu’il pu et se réfugia dans l’allée des thrillers. Il n’était pas sûr que cela était une bonne idée, mais comme il avait semé la pagaille derrière lui, il ne réfléchissait pas plus. A court d’idées, ne voyant pas plus loin que le bout de son petit nez crochu, il s’installa dans ce rayon et s’écroula de fatigue. Il dormit en chien de fusil, et sombra dans un sommeil aussi profond que celui d’un bébé qui fait ses nuits.

 Le hasard fait parfois bien les choses. Vidé de ses forces, Auvin dormit tout le reste de la nuit et une grosse partie de la journée suivante, dissimulé dans les livres. Quand il se réveilla, le soir n’était pas loin et il se trouva coincé entre un chien et un loup. Se secouant comme s’il avait des puces, il glissa de l’étagère. Mais agile comme un singe, il retomba sur ses pattes et pris les jambes à son cou devant l’air féroce du loup qui se tenait devant lui.