Titre : Orphelin des mots
Auteur : Gérard Louviot
Édition : Le livre de poche (XO éditions)
Genre : témoignage
Année d’impression : 2017
Nombre de pages : 284
Note personnelle : impossible à noter : récit bouleversant et triste, mais aussi auteur courageux, avec un ensemble positif ! Chapeau bas à ce monsieur et aussi je lui présente mes respects, car il se bat encore et toujours pour lui, mais aussi pour ses enfants !
Je vous copie la 4ᵉ de couverture, car si j’écris moi-même un résumé, j’aurais l’impression de lui voler ses mots, son histoire.
« Ne pas savoir lire, c’est comme ne pas pouvoir respirer. C’est se battre pour se frayer un chemin, ruser, contourner, encaisser. Une souffrance inimaginable.
Gérard a grandi en Bretagne, dans une famille d’accueil. Enfant, il est incapable de retenir une leçon et d’apprendre à lire. Tétanisé par la honte, il doit affronter les moqueries et les vexations. Adulte, sa vie devient un parcours du combattant, d’autant plus qu’à son handicap s’ajoute la peur d’être démasqué comme illettré.
A 35 ans, il ose se confier à son patron. Touché par la souffrance de cet homme, le chef d’entreprise lui offre la possibilité de prendre des cours. Plus qu’une libération, c’est une renaissance. Pour la première fois, un livre raconte cette humiliation qui condamne, en France, près de 3 millions d’illettrés à vivre à l’écart de la société. »
En lisant ce livre, j’ai vraiment eu l’impression d’être en face de Gérard Louviot qui me racontait toute son histoire ! J’ai eu énormément de tristesse à découvrir son passé, tout son parcours du combattant, toutes les difficultés qu’il a eues, tous ces piliers qui se sont dressés sur sa route et qui lui barraient son chemin. Pourtant, pas une fois, il n’a baissé les bras, il a un courage et une force mentale (et aussi physique) incroyable !! Certes, il a été aidé, mais ces aides ne lui sont pas tombées du ciel. Et puis, pour palier à son « problème » d’illettré, il n’a pas réchigné à bosser dur, tant et si bien qu’il a fini par se blesser sérieusement plusieurs fois. Malgré ça, il tombait, se relevait et recommençait là où il s’était arrêté. Quelle force ! Quel courage ! Quelle détermination !
Puis, je n’ai pas pu m’empêcher de « remercier » silencieusement son employeur qui lui a tendu la première aide. J’ai beaucoup de mal à comprendre comment, aujourd’hui, on peut encore passer « à côté » de ces gens en grande détresse ? Il est tellement plus facile de se moquer, de rabaisser ou d’humilier les autres que de les aider. Mais il est vrai aussi qu’il y a tellement de difficultés en tous genres qu’on ne peut aider tout le monde. Pourtant, ici, un conseil, ne coûte rien. Une discussion, une attention, une référence, un peu de temps… c’est gratuit aussi.
Bref, témoignage important qu’il serait bon de faire lire au plus grand nombre de personnes. Surtout que je pense que ce n’est qu’en faisant passer ce genre d’histoires, de témoignage, que d’autres personnes dans cette même souffrance pourront trouver la force de demander de l’aide. Gérard Louviot a eu plusieurs interviews, en radio et à la TV, car justement c’est de cette façon qu’il peut toucher les gens comme lui. Il a été aidé pour écrire ce livre (Virginie Jouannet), car malgré les années qui passent, s’il a fait d’énormes progrès, son handicap ne lui permet pas, pas encore, de pouvoir tout retenir, tout lire, tout écrire.
EXTRAITS
« Je raconte aussi le sentiment d’être coincé dans un tunnel, ce noir panique à devenir fou et tout ce que je me suis empêché de vivre ! (…) Erwan m’écoute comme jamais personne ne l’a fait. Il ne paraît ni étonné ni choqué, juste concentré. (…) Il vous regarde en plein, sans chercher à m’interrompre, je ne sais spas son âge mais il pourrait avoir mille ans de patience. »
« Apprendre ressemble à un chemin qu’on taille dans un buisson épineux. Je vois les mots former des phrases et les phrases former les fameux paragraphes et puis des pages et des conversations, tout s’enchaîne, le sujet qui ouvre le bal, le verbe qui fait l’action et les compléments qui l’habillent comme un petit vieux frileux (…) »